Olivier 'TAVU' Ente & Les Sages Poètes de la rue
Olivier Ente, que l'on connaît en tant que TAVU artistiquement, dessine depuis un peu plus de 10 ans, en annexe de ses différentes activités, notamment le skateboard. Très influencé par la musique, et par ceux qui la font, il s'investit dans un projet créatif au long cours qui consiste à réaliser des portraits sur des cartes de villes ou de pays. Des traits fins et des nuances souples pour un travail précis dont la cohérence se trouve à différents niveaux, dans l'esthétique mais aussi historiquement. Il présente dans cette vidéo son dernier projet en date, dédié aux rappeurs Boulonnais Les Sages Poètes de la rue.
Depuis plus de 10 ans, tu dessines des musiciens, sur différents supports, cette fois ce sont les rappeurs Sages Poètes de la rue, qu'est-ce qui a motivé ce choix ? C'est aussi l'une des premières fois que tu dessines des artistes français ?
Ça fait un moment que j'ai commencé à travailler sur cette idée d'associer la carte et le portrait, j'ai effectivement représenté beaucoup de musiciens mais je ne me limite pas à ça, je dirais plutôt les artistes en général. L'envie de commencer un projet peut arriver de plusieurs manières, pour celui-ci c'est lorsque j'ai trouvé le disque vinyle de "Jusqu'à l'amour", le deuxième album du groupe sorti en 1998.
Même si j'ai beaucoup plus écouté leur premier disque "Qu'est-ce qui fait marcher les sages ?", en voyant la couverture du deuxième avec les trois portraits, j'ai de suite imaginé à quoi pourrait ressembler le dessin, et puis le titre est juste parfait !
J'avais déjà dessiné des artistes français, le dernier sur lequel je me suis penché c'est l'illustrateur Roland Topor. Mais c'est vrai qu'ils sont le plus souvent étrangers, et parfois sur des cartes de Paris quand ils ont un lien particulier avec la ville. Il y a eu Miles Davis, Josephine Baker ou Ernest Hemingway par exemple. Dans un sens, mon travail est une série géante, on passe d'un dessin à un autre, d'un artiste à un autre, avec comme lien la musique, la rencontre ou alors un projet commun. J'aime cette inspiration et les influences entre les artistes.
J'aime cette inspiration et les influences entre les artistes.
Pourquoi avoir choisi le Plexiglas comme support ?
Ce concept avec le Plexi est récent, comme je le disais, à chaque dessin j'évoque un lien précis en associant la carte et le portrait, et j'ai poussé cette idée un peu plus loin en utilisant les cartes qui sont dans l'espace urbain. Le premier que j'ai réalisé c'est le guitariste Django Reinhardt, il avait un cabaret rue Pigalle dans les années 40, « La roulotte » qui deviendra « Chez Django Reinhardt », et puis c'est aussi mon quartier !
Le dessin de Django était sur de l'adhésif transparent et amovible, puis le Plexi s'est imposé car je voulais faire des formats plus ambitieux. Appliquer l'adhésif avec une spatule est assez marrant à faire mais ça devient compliqué sur une surface trop grande. Le Plexi est beaucoup plus simple à poser : avec quelques bouts de Scotch ça tient !
Pour ces projets où j'ai choisi d'utiliser les cartes qui se trouvent dans la rue, il y a d'abord du repérage à faire pour trouver le bon endroit, donc j'ai vadrouillé à Boulogne-Billancourt pour trouver l'endroit idéal. J'ai fait le tour de la place haute, la cité près du pont de Sèvres, qui est un lieu mythique du rap français, mais je n'ai pas trouvé ce que je voulais. Finalement, j'ai trouvé une carte en face de la cité, et c'est devenu le support parfait.
Tu utilises différents outils pour tes différents projets. Quel est celui que tu as choisi cette fois ?
Le fait de bosser sur du plastique impliquait de trouver la bonne technique, et le bon outil. C'est le Uni PAINT Marker à base d'huile qui est le plus adapté car il sèche hyper-vite, et ça tient bien sur le Plexi. J'ai plusieurs tailles avec lesquelles travailler, ça aide pour les détails, et pour les contours qui doivent être plus épais.
En termes de techniques de dessin, j'ai choisi de bosser la nuance et la transparence, en faisant des points qui se superposent, les uns après les autres. C'est long mais ça limite les erreurs possibles. Il faut prendre le temps, et un peu de recul pour trouver les nuances voulues. Mais comme l'huile adhère bien au plastique, c'est sûr que ça devient très compliqué quand on se trompe !
Olivier est sur Instagram @tavu_ensemble
Les images et le montage sont de Olivier Fanchon